Ce travail s’appuie sur l’environnement. L’environnement, de point de vue d’un espace d’échange entre les sources naturelles et l’activité humaine. En observant les espaces naturels in/occupés par l’être humain, les surfaces terrestres dessinent le mouvement incessant. Les changements plastiques de paysage désignent ce mouvement dans le temps. Les captations des parties du mouvement perpétuel, forment des images qui accumulent un taux d’énergie spatiale jusqu’à une limite supportable, par l’oeil, par la surface, par l’environnement. Ces images essayent d’être des échantillons de l’époque, attentifs aux formes de son mouvement. Ils s’interrogent, d’un côté, sur les limites entre l’évolution et la transformation, l’empreinte de l’humain dans le paysage et son expansion spatiale. De l’autre côté, ils laissent jaillir à travers les éléments naturels, l’énergie du cosmos, laquelle dépasse, et influe réciproquement les efforts des êtres vivants.
On a(vait) besoin de respirer l’air, de boire de l’eau, de cultiver la terre, de se chauffer autour du feu, de découvrir et de rêver. Aujourd’hui, les panneaux solaires de l’ISS (Station spatiale internationale) cumulent le surplus d'énergie dans des batteries pour se préparer au passage obscur face au démisphère caché de la Terre. À Charleroi, les rayons illuminent des filetages grippés à travers des vitres brisées, et le coloris de la rouille ne cesse de mûrir dans l’abandon de la transformation d’énergie. Ce passage d’énergie (plastiquement), fascinant emploi du mouvement de l’ordre imperceptible ou difficilement visible, entre la cause et la conséquence physique, entre un élément à l’autre. À quoi ressemble le courant entre l’interrupteur et une ampoule allumée? Comment imaginer le passage entre le champ gravitationnel et l’espace libre ? Comment peut-on visualiser le temps, lequel semble être la mesure entre la dégradation et l’explosion, entre la continuité et l’instant ?
En s’appuyant sur les éléments matériels d’un regard sur l’environnement, j’essaye d’interpréter visuellement la vibration d’une action, des variations du mouvement continu, un ressenti de l’énergie de transmission. Cette quête picturale applique des couleurs, des formes et des matières, en visant un dépassement physique et/ou mental de son propre médium. Elle a pour l’intention de dépeindre une vue du présent qui envisage le passé et le futur, et perturbe l’espace physique de spectateur. Elle mène une perspective d’un voyage illusoire, où le ressenti s’ouvre à un champ de réflexion. Il s’agit d’une recherche de l’image qui pénètre l’espace, dont le dessein mobile est constamment contredit par sa nature stable dans le temps, mais qui trouble cette évidence par ses propriétés picturales ; recherche d’une image spatiale qui permettrait d’absorber le spectateur et de bouleverser ses capacités intelligibles.
Comment utilise-t-on l’énergie des éléments aujourd’hui ? Quelle est la qualité et la durabilité des matériaux dont on battit notre l’environnement ? Quel est le devenir potentiel de l’époque de charbon, de cuivre, de pétrole, et de satellites ? Quel est l’état d’équilibre entre des matières naturelles brutes et des matières artificiellement transformées ? A l’échelle peinte? Moléculaire? Planétaire? Spatiale?