Pratique in situ et agir distribué : un terrain d'échange entre matérialité et actions humaines en art numérique

Comment une pratique in situ participe-t-elle d'un questionnement sur l'agir distribué (agency) entre humain et non humain en art numérique? Cette communication propose d'examiner comment des agencements de forces, de matières et d'actions humaines contribuent à moduler la topologie des relations actives entre les matérialités et la posture même de l'artiste-chercheur dans un processus de recherche-création.

À l'inverse du modèle hylémorphique qui impose une forme du dehors à une matière inerte par un sujet humain actif (Simondon, 2005), une pratique in situ  peut révéler un processus non hiérarchisé se manifestant par la collaboration et l'interférence d'une constellation d'entités hétérogènes agissant ensemble : le lieu, le code, le temps, le matières, l'artiste et le spectateur. Alors que le lieu est abordé comme un milieu actif, rempli de traces et d'échanges entre les composantes matérielles et humaines, une approche distribuée et non anthropocentrique de l'agir favorise un processus d'indétermination d'où émerge chaque fois des prises de formes éphémères et instables.

Dans cette démarche qui incarne une alliance productive avec le non humain démontrant une agentivité, la réflexion et le processus de l'artiste se transforment simultanément au devenir matériel de l'oeuvre. Cette négociation spontanée ouvre un dialogue insoupçonné avec le lieu, contribuant à percevoir et à réfléchir une gamme plus vaste d'agencements hétérogènes. Cette présentation s’appuiera sur les relations et les modifications s'établissant entre plusieurs types de propositions matérielles, spatiales et processuelles des installations Spectrales (2014-2015) et Lighthouses (2015).