CONFÉRENCE : KATRIN SOLHDJU

TRANSPLANTATIONS : L’ÉMERGENCE D’UNE NOUVELLE FORME D’ANIMISME, ENTRE RÉTABLISSEMENT ET SURVIE HANTÉE
Dans le cadre du module de recherche développé par Nikoo Nateghian et Léa Falguère, Katrin Solhdju, Historienne et philosophe des sciences, développera lors de cette conférence ses recherches en rapport aux implications sociales et philosophiques de la transplantation d'organes.

Tout se passe comme si, à l’égard des transplantations d’organes, il fallait être pour ou contre. Au lieu de me positionner par rapport à ce soit… soit, je voudrais partir d’une intrigue d’un autre ordre : alors que la pratique des transplantations requiert incontestablement une épistémologie moderniste qui sépare strictement corps et esprit, organes et cerveau, corps matériel (Körper) et corps vécu (Leib), qu’elle fait littéralement et matériellement bifurquer, cette pratique est en même temps constituée d’actes créant à la fois des hybrides physiologiques et immunitaires, mais aussi de nouveaux modes d’existence et d’expérience. Ces expériences vécues contredisent régulièrement toute approche dualiste, ou plus exactement mettent davantage en question la pertinence même des oppositions binaires. Mieux encore, les effets des transplantations dans l’expérience de ceux et celles qui y sont confrontés relèvent fréquemment de ce qu’on pourrait nommer un amodernisme radical ou encore une forme inédite d’animisme.
 
 
Katrin Solhdju est chercheur qualifié du FNRS au service de sociologie et d’anthropologie à l’université de Mons. Elle est membre du groupe d’étude constructiviste à l’ULB et de Dingdingdong, Institut de coproduction de savoir sur la maladie de Huntington. Elle est l’auteur de nombreux articles – principalement en histoire, philosophie et anthropologie de la médecine – et de deux monographies : L’Épreuve du savoir. Propositions pour une écologie du diagnostic, 2015 et Selbstexperimente. Die Suche nach der Innenperspektive und ihre epistemologischen Folgen, 2011.