EXPOSITION PERSONNELLE DE YVES LECOMTE
Yves Lecomte nait à Binche en 1974, vit et travaille à Bruxelles. Diplômé de l’atelier de peinture de l’académie royale des beaux-arts de Bruxelles en 1996, il fût ensuite boursier à la Fondation de la Tapisserie, des Arts du Tissu et des Arts Muraux en 1997.

Remarqué par ses expositions chez les « Témoins Oculistes », à la Galerie Porte 11, à la Galerie Olivari-Veys, ainsi que pour ses nombreuses participations au Prix du Hainaut - Arts Plastiques au B.P.S.22, son travail s’organise notamment autour du plaisir, de l’effacement, du double, du passé et de l’accident.

Ses œuvres consistent en des espaces et objets dédoublés, miroirs poncés ou retournés, mise en espace de palindromes, églomisés, texte dont l’évaporation progressive est provoquée par une informatique défaillante, erreurs d’étiquetage, emprunts, déplacements et détournements du langage cinématographique et télévisuel, ...

Yves Lecomte, avec des moyens d’expression très variés parvient à élaborer un propos sur le statut de l’image - dans une époque qui en est saturée - en évitant le plus possible d’avoir recours à la représentation. Il assimile les codes de l’esthétique minimale sans ja mais tenter d’en reproduire le discours ; l’ensemble de son œuvre est empreint d’une rigueur toute conceptuelle, mais volontairement contaminée, sur un mode humoristique et poétique, par des éléments fortuits.

En 2011, il sort sa première monographie « How I became Prime Minister » en collaboration avec la Province de Hainaut et le B.P.S.22. Lauréat de nombreux prix, Yves Lecomte est également professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Binche et à l’Académie des Arts de Woluwé-St-Pierre.

Yves Lecomte, « NO IT IS OPPOSITION »

Ancien magasin d’ameublement construit dans les années 1930, l’immeuble Vanderborght, plus connu sous le nom de Dexia Art Center est un espace d’exposition de plus de 5000 m2, situé en plein cœur du centre-ville. C’est dans une filiation de projets récents autour des cultures numériques et des industries créatives que le nouveau projet culturel du lieu s’est construit. Jusqu’en 2015, le bâtiment abritera de nombreux évènements avant que ne s’y installe le futur Musée d’art moderne et contemporain.

Diplômé de l’Académie en 1996, Yves Lecomte expose au 4e étage du bâtiment un ensemble d’œuvres qui explorent la question des possibles mutations de l’œuvre et de ses supports par rapport à un système de perceptions normées. Le titre de l’exposition, No It Is Opposition est un palindrome qui illustre parfaitement ce rapport de dédoublement. Ainsi, l’ordre des lettres reste le même que l’on lise l’expression de droite à gauche ou inversement. Le miroir est un objet clé dans l’œuvre d’Yves Lecomte, tout comme le téléviseur qui reflète et renvoie une vision déformée de la réalité. À l’occasion de cette exposition, l’artiste a créé de nouvelles pièces, dont une série de peintures représentant des dos de miroirs agrandis. L’intérêt pour le miroir comme objet de représentation remonte aux premières expériences de l’artiste autour de l’autoportrait. Il s’est ensuite mis à collectionner ces objets et à les intégrer dans son travail, en grattant par exemple la surface du teint. Ces dernières explorations l’ont amené à exposer, puis à reproduire de façon extrêmement précise l’envers de ces surfaces polies que l’on ne voit jamais. Celles-ci portent souvent la marque du fabricant ou encore l’inscription d’un numéro de série. Une fois retranscrits ces détails insignifiants à grande échelle, il se passe quelque chose : s’agit-il d’un miroir renversé ou d’une surface peinte? Constat troublant d’une réalité mouvante. Cet attrait pour l’envers du décor et à rapprocher de l’ouvrage de Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles, où il est question d’un monde parallèle dont les codes sont inversés. Beaucoup de gens ignorent qu’avant d’être écrivain, Carroll était mathématicien. Il a notamment mis à jour un paradoxe qui veut que lorsqu’on trace un rectangle et un carré à partir des mêmes composantes, soit deux triangles rectangles et deux trapèzes rectangles, on obtient des surfaces inégales. L’œuvre intitulée Paradoxe (2006) illustre ce phénomène. Elle est composée de deux triangles de formes identiques, dont l’agencement dans un sens ou dans l’autre finit par créer un vide au centre de la composition. La dimension ludique est très importante dans l’œuvre d’Yves Lecomte et fait partie intégrante de son processus de travail. Espace miroir est une série de dix socles en bois créés pour épouser, si ce n’est pour engloutir, certains objets du quotidien transformés par les soins de l’artiste. Ces supports forment des déclinaisons multiples d’un même volume, soumis à la contrainte du vide. Seules des photographies épinglées aux murs rappellent la présence en creux de ces objets dédoublés selon un axe symétrique. Ceux-ci seront exposés au même moment aux ateliers Malou, à Woluwe-Saint-Lambert, comme pour compléter en imagination ce puzzle. Au Dexia s’ajoute à cet ensemble une série d’affiches inachevées récupérées dans un ancien atelier d’imprimerie, qui sont accrochées aux murs afin de créer une suite infinie. Non-event (2010) évoque la suprématie de la reproductibilité technique sur le travail manuel. Il s’agit également d’un jeu, comme si les cases manquantes étaient à compléter mentalement par le spectateur. Enfin, la désuétude des techniques artisanales de production renvoie à l’œuvre intitulée Espaces télévisuels (2008), sculptures en bois représentant d’anciens téléviseurs superposés face contre mur de manière à former une colonne semblable à celle de Brancusi. En guise de réponse à cette technologie obsolète trône un écran LCD éteint intitulé Monochrome (2008).

Informations:
Tel.: +32 (0)2 506 10 10
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