L’USURE, VOLET 2.
Exposition, La chaleur de l’usure

Ce programme de recherche intitulé L'usure résulte d'un partenariat engagé entre l'Académie Royale des Beaux Arts de Bruxelles et l'Université Bordeaux Montaigne, mené par Amélie De Beauffort et Pierre Baumann.
Après un premier volet en décembre 2013 qui s'est tenu au Musée d'art contemporain CAPC de Bordeaux, le second volet poursuit ses investigations autour d'un colloque (L'usure, excès d'usages et bénéfices et l'art) et d'une exposition qui regroupe 16 artistes (La chaleur de l'usure). Il est accueilli par le Centre Culturel Flamand De Markten à Bruxelles. Il tentera par la parole et les actes artistiques de problématiser les enjeux de l'Usure à la croisée de sa double dimension sémantique, corrosive et économique, afin d'envisager comment l'usure tente de soutirer quelques bénéfices dans l'angle mort de la vision et de la raison de nos processus artistiques contemporains. Ce programme doit déboucher sur une publication à paraître en 2015.

Exposition, La chaleur de l’usure
L'usure est issue du frottement et tout frottement dégage de la chaleur physique ou morale. C'est un principe mécanique évidemment, érotique absolument, politique manifestement. L'usure est à la fois réductive et excessive, à perte et à profit, positive et négative. L'usure forge une relation à la matière, aux images, aux corps, au pouvoir, et au temps. Le temps de l'usure excède l'échelle humaine. Il donne à repenser la durabilité mise en crise par nos sociétés contemporaines. Comment les artistes épinglent-ils de ces enjeux et comment l'usure agît-elle au sein des processus créatifs ?La méthodologie choisit de se détourner des évidences (au dépend de ce qui s'use jusqu'à la corde) pour établir des choix arbitraires. Chaque œuvre contribue à échafauder l'architecture du projet. L'usure agit dans l'angle mort de la vision et de la pensée créatrice. Elle déjoue les évidences et produit de la dissidence là où l'œuvre résiste. Jean-Luc Nancy souligne que ce qui s'use est aussi ce qui résiste. L'usure joue avec le reste.

Dissidence et résistance affirment que l'usure n'est pas le résultat d'une dégradation pathétique, ni ruiniste, ni sublime, ni romantique, mais un outil qui pourrait faire machine (à l'instar des Machines de Christian Bonnefoi). Cet outil, étonnement, permet de déconstruire les protocoles des artistes tout aussi bien là où ils spéculent avec la matière que dans l'économie même de leur travail. L'usure dépend aussi d'un emprunt. Elle désigne l'intérêt excessif tiré d'un prêt. Il y aurait des artistes un peu usuriers et d'autres qui résistent à l'usure du monde. Les Coopérations de Miquel Mont nous interrogent sur les valeurs de la gratuité du geste artistique et sur ses coûts réels. L'excès d'usure appelle la dépense et la défaite, la résistance. Il y aurait quelque chose à voir entre une forme d'épuisement de la pensée et son renversement par l'optimisme créatif : fructueuse plasticité.

L'usure est profondément féconde parce qu'à partir des défaillances rythmiques, des interruptions, des blackout, elle engendre des formes inattendues, des échappées (Willem Oorebeek). L'usure est aussi, et pour beaucoup, une entreprise du regard et de la cécité (Lacan). Elle gomme (erased drawing...), elle efface de notre mémoire nos identités et nos Histoires qui désormais s'agrippent à de petits gestes familiers (Mekhitar Garabedian). Elles réchauffent nos humanités et nos consciences politiques parfois en panne. L'humanité résiste dans la réduction progressive de ses signes qui fondent une civilisation et ses territoires. Puiser dans la forme épuisée allège l'art, facilite sa vélocité nomade (Soriano), réduit et distille son langage. L'économie usurière semble trouver sa réponse dans la facétieuse efficacité du langage (parfois anagrammatique - Jean Dupuy/Ypudu).

A l'horizon, l'usure se dégage de l'angle mort de nos raisons.
L'exposition la chaleur de l'usure parie sur les excès et les bénéfices de sa conceptualisation.

L'usure est un projet de recherche élaboré par Amélie de Beauffort et Pierre Baumann qui a débuté en septembre 2012 et qui associe production théorique et laboratoire de création. L'exposition La chaleur de l'usure est une composante de cet appareil de recherche. Elle regroupe 16 artistes répartis sur 950 mètres carrés de l'espace d'exposition du Centre Culturel Flamand De Markten.

Avec : Sylvain Baumann, Christian Bonnefoi, Pierre di Sciullo, Jean Dupuy, Mario Ferretti, Mekhitar Garabedian, Bruno Goosse, Frédéric Lavoie, Miguel Angel Molina, Miquel Mont, Yogan Muller, Willem Oorebeek, Jasper Rigole, Peter Soriano, Sylvie Turpin, Hannes Verhoustraete.

Contact des organisateurs :
Amélie de Beauffort : troffuaeb@gmail.com
Pierre Baumann : pierre.baumann@u-bordeaux-montaigne.fr
Belgique : +32 476 43 98 79
France : +33 6 22 56 64 12


Photographie: Miquel Mont. "combien ça coute quand c'est gratuit"
collage idéologique, 70 X 50 cm, acrylique et impression sur papier journal et transparent, 2010.


Avec l’intervention financière de la Fédération Wallonie Bruxelles, du Département du Développement technologique du Service Public de Wallonie, de la Région Wallone, de Wallonie_International Bruxelles, du Service Culturel de l’Ambassade de France en Belgique. Avec le soutien de la Ville de Bruxelles, de Markten, Anglo Belge et Audioframe.