Rencontre à l’occasion de la parution de tsarline & Conférence « Ce qui est devant nous » avec Aram Mekhitarian

Rencontre & Conférence

tsarline avec Aram Mekhitarian

A l’occasion de la parution de tsarline (octobre 2023), Aram Mekhitarian présentera son ouvrage en dialogue avec Dirk Dehouck lors d’une rencontre dans le cadre du cours de Philosophie, perception et interprétation de l’espace (Master 1&2) le lundi 11 mars de 15h30 à 17h30 (local C104A) portant sur « Les politiques du poème ».

La rencontre sera suivie d’une conférence ouverte au public de 18h30 à 19h30 à l’auditoire Horta sous le titre : « Ce qui est devant nous ».

 

Ce qui est devant nous

Les situations de confrontations mortelles à grande échelle n’ont de cesse de multiplier les désastres, chacune invoquant toutes les raisons possibles, selon des imaginaires tous plus réducteurs les uns que les autres. Cette production travaille le monde. Les écarts et parades à son égard sont à leur tour réduits : formations et informations deviennent les lieux par excellence des opinions et des propagandes. Des histoires entre-mêlent leurs supposées racines et justifient sous un dôme d’éternité et d’absolu un nihilisme acharné. Est-ce là le seul à-venir à reconduire ? Ce paradoxe d’une répétition reconduite d’un à-venir comme désastre annoncé nous laisse-t-il pantois, irrésolus, comme définitivement annihilés de naissance ?

Ce questionnement lui-même ne répète cependant pas, dans un contexte socio-économico-historique, l’exploration des limites d’une finitude existentielle dont la seule ressource s’offrirait depuis une infinité en attente d’accomplissement. D’autres écarts ont été ménagés, en toute discrétion, et se ménagent encore, parfois brutalement réprimés, un cheminement en vue d’autres ouvertures, d’autres saisies d’un « kairos de multiples batailles futures pour un tout nouveau faire-monde, aussitôt que ce « moment favorable » viendrait à s’offrir » (Gérard Granel). Ce retrait-approche explore, à chaque fois, un espace qui désunit des lettres trop fermement tenues qui, inféodées à l’opinion ou la propagande, ne seraient prêtes que pour un emploi uniforme de leur « force de travail », autre corsetage des dires.

Cet espace entrelace politique, pensée et poème selon une poématique qui résiste, voire refuse qu’une esthétique vienne encaserner les vues et les visées. tsarline augure qu’un tel retrait-approche constitue l’une des dimensions de ce cheminement dans l’exercice d’une telle poématique à-venir et pourtant déjà à l’œuvre, les traces multiples des tentatives, souvent meurtries, souvent vaincues, souvent complètement détruites ayant opiniâtrement maintenu ouvert cet espace, cet air circulant entre les lettres, traversant lieux et temporalités, encore lisibles depuis leurs à-venirs pourtant improbables. Comme une extension de cette pensée qui éprouve « la solidité du lien qui attache la nécessité où elle se trouve de se donner “une vue d’avance” (Vor-sicht) de ce qu’elle cherche à comprendre, à la prudence (Vorsicht) dans le cheminement effectif de l’analyse, prudence requise justement par le risque d’une telle projection de la compréhension “en avant d’elle-même” » (Gérard Granel).

Une variation depuis et autour de cet « en avant de soi » est donc l’objet direct et indirect de « ce qui est devant nous » : ni réduit à un état du monde ou à une actualité des désastres en cours, mais dans une prudente exploration de ce qui s’avance, nécessaire compréhension en suspens d’elle-même, destitution tout autant nécessaire des attributions totalisantes et totalitaires justifiant les mêmes désastres, convaincues, elles, de leurs puissances réactionnaires, du progrès de leurs esthétisations serviles et volontaires et de la marche forcée des absolus mobilisés.

Aram Mekhitarian

Aram Mekhitarian est docteur en philosophie (ULB), professeur émérite à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles.

 

La rencontre et la conférence sont ouvertes à tous les membres de la communauté académique et au public externe, sans inscription.

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