René Lew, Psychanalyste (Paris), séminaire 2007-2008

Révision de l’esthétique transcendantale

Malgré l’approche dithyrambique de Schopenhauer, l’esthétique transcendantale de Kant mérite d’être questionnée dans sa conception même : il s’agit d’une connaissance a priori ou d’un abord sensible des choses qui ne vienne pas de dehors.

Or cela contrevient à tout théorie du sujet, telle que la psychanalyse la développe, qui fait de celui-ci, y compris comme sujet du savoir, de la perception, ou de la mémoire, une contrepartie de l’Autre.

Exemples à l’appui dans la peinture, je suivrai cette redéfinition de l’esthétique, au sens de l’inadéquation de toute théorie transcendantale dans les arts plastiques. En effet la peinture — même si l’inconscient s’y exprime — ne marche pas à l’intuition.

La révision de l’esthétique transcendantale, que Lacan appelle de ses vœux sans la réaliser lui-même, est un renversement du monde sphérique dans lequel nous sommes accoutumés à vivre (selon les apprentissages idéologiques qui nous le présentent souvent sous l’angle de l’évidence) en un monde « asphérique » où les éléments différenciés se continuent l’un dans l’autre selon leur mise en continuité.

Je suivrai un parcours depuis l’expérience a priori de l’espace et du temps jusqu’à la situation discursive de la topologie, en passant par Kant, Hegel Schopenhauer, puis Heidegger, Lacan, Adorno, jusqu’à Merleau-Ponty et Deleuze.