Exposition personnelle d'Alix Dussart, diplômée du Cursus Photographie et Art dans l'Espace Public - AeSP au Botanique.
" Puisque toute quête se prépare avec sérieux, il faut inventorier ses outils : une lance, un couteau et mes mains. Finalement le couteau pourra être une barque. Je dois prendre tous les morceaux avec moi. Je prends aussi le plâtre, l’eau et le temps. Mes doigts et mon bois. Le charbon suivra. Ou bien l’inverse ? Oui, d’abord il y aura le charbon, avec lequel je pourrais reconstituer la carte au sol. Grâce à elle, on voit les structures souterraines. Je ne dois surtout pas oublier cette carte, celle de mes origines, pliée, repliée, dépliée. Nous pourrons la transmettre à celleux qui viennent après nous. (Ai-je bien pris la bonne ?... Ce n’est pas très grave car de toute façon les continents se rejoignent à certains endroits). Nous pourrions aussi laisser des traces de notre passage, pour un trajet retour, ou pour un trajet futur, pour les autres.
Lorsqu’on entre, cela fait l’effet d’une grotte. On ressent presque cette température sourde, comme une densité tranquille et fragile qui transpire des parois et nous enveloppe. Tout est là, mis à nu, classé, présenté. Et maintenant que tout est prêt il faut négocier avec la peur et le noir, qui doivent laisser une place aux marques, aux repères ainsi qu’aux fondations. Je me revois encore lorsque je n’étais qu’une petite boule noire, laineuse, presque râpeuse. Mais je me suis laissée polir, un peu. Comme ces couteaux. Et maintenant que mes mains sont habiles elles peuvent à leur tour poncer, tracer, couper, apposer, mouler, tailler, ranger, creuser, et laisser leurs empreintes. C’est drôle on croirait presque que ces branches d’eucalyptus se sont changées en os. C’est que la matière continue sa transformation elle aussi et certainement que nos mémoires se retrouveront quelque part pendant ce voyage.
Je crois que nous devrions continuer notre progression en restant relié.e.s au sol, pour retenir les particules, les poussières, pour ne pas que tout ce qu’on a récolté s’envole. Et si les eaux montent, nous pourrons toujours nous tenir aux linteaux, au x lin te aux, a ux li n ea x x i n t a e u x a li "
Blandine Lehec