Le textile ne rouille pas

Les troisièmes années de Tapisserie-Arts textiles ont le plaisir de vous inviter à leur exposition de fin d’année « le textile ne rouille pas ». Le vernissage se déroulera le 13 juin de 17h à 21h au @botanique_expo qui accueillera l’exposition du 14 au 16 juin.

Luca Lecasble :

Il est dit que Triton vit dans le courant des rivières d'Europe centrale. Il passe ses jours à nager, collectionner des coquillages et cailloux, les tissant dans sa maison. Il remplit son existence solitaire comme il peut. Taureau boit dans la rivière éternellement fraîche. Remarque-t-il les yeux qui ne le quittent plus ? Est-il conscient qu'entre deux tourbillons, notre jeune Triton tombe amoureux ? La Noyade de Triton et Taureau est un mythe que j’ai imaginé et qui m’habite depuis deux ans. Mon travail est une exploration narrative, la recherche d’un moyen de transmettre une histoire avec un processus qui par sa temporalité m’immerge pendant plusieurs années avec mon récit. Chaque geste entraîne une lente naissance de mes personnages, de l’amour démesuré de Triton pour Taureau, le poussant à confondre sacrifice et égoïsme. Avec cette installation je vous invite à découvrir ce mythe dans lequel je me noie déjà.

Melissa Leconte :

Guidée par un attrait pour les lignes (traits, traces, grilles, trames) qui m’entourent, j’ai commencé à orienter mon travail autour de ce questionnement : Comment les lignes se croisent, se superposent et s’entrelacent pour devenir des surfaces ? Au fur et à mesure, les lignes sont devenues des fils et les surfaces des textiles. Alors, pour les comprendre, je détisse, noue, superpose, retisse, décortique, accumule et trace. En outre, autant de gestes qui m’aident à comprendre comment les choses tiennent entre elles. Dans une démarche de recherche pluridisciplinaire, j’étends mon travail à d’autres médiums que sont les techniques d’estampe et la céramique.

Saturne Manfredi :

Mon travail se focalise autour d’une réflexion sur le deuil et la perte. Nos morts nous accompagnent quotidiennement à travers des bibelots, des images, des lieux, et c’est ce qui m’inspire à créer des objets à la lisière des morts et des vivants. Ma recherche a pris naissance dans le deuil de mon Nonno, décédé en 2012. Pour amoindrir la distance entre nos deux temporalités, je puise dans les photos de paysages qu’il a prises au début des années 2000 en Italie, son pays d’origine, pour ensuite fusionner nos deux regards par le biais de médiums textiles. J’essaie de créer avec mes travaux une atmosphère nostalgique et contemplative, en évoquant notamment, à travers la scénographie, des espaces intimes comme le bureau ou la chambre.

Rose Lefebvre :

Depuis ma petite enfance j’ai pris l’habitude d’observer la nature dans ces moindres détails pour en constater plus tard sa dégradation : des forêts rasées, un déclin de la biodiversité, etc. En résulte alors une réflexion sur notre relation déséquilibrée avec l’animal et le végétal qui tend à une domination dû au capitalisme mondial. C’est le cas des animaux dans les zoos, réduits à de simples objets divertissants que je représente comme des jouets. Je montre aussi dans mes différentes œuvres, une nature fragilisée et affaiblie, rongée par ce qui s’apparente à de la moisissure, métaphore de notre activité néfaste sur la Terre.

Lea Sommet :

Fascinée par les formes et les couleurs que la nature nous donne à observer, ma pratique artistique est aujourd’hui centrée sur la faune et la flore marine. Difficile d’appréhension pour de nombreuses raisons, je souhaite rendre plus accessible cet univers mystérieux. À l’aide d’archives, de recherches plastiques, graphiques, photographies et scientifiques, je recréais des paysages textiles à la manière de diorama avec une allure quelques fois scientifique. J’utilise des matériaux de récupération et joue avec les formes, les couleurs, et les matières afin de créer une expérience sensible pour le spectateur. Saviez-vous que seulement 1/3 de l’espace marin a été découvert ? Et si on imaginait les 2/3 restant ?

Romy Peleton :

Depuis toujours, le monde végétal a inspiré l’art, que ce soit en peinture, en sculpture, en architecture et même en tapisserie ! Cette nature sauvage a envahi librement nos espaces tout comme mon imaginaire. Grâce à mes recherches techniques et botaniques, j’ai essayé de traduire ma fascination pour les fleurs sauvages aux couleurs envoutantes, au travers de ma production de dentelles aux fuseaux, de frivolité, de tapisseries, de broderies et de couture. C’est tout naturellement qu’elles se sont imposées à mes créations. C’est pourquoi ma démarche artistique expose ces fleurs sauvages dans toute leur complexité et tend à mettre en lumière la beauté d’un monde végétal libre.

Julia Ben Moussa :

Artiste marocaine et française, originaire de Casablanca, je travaille autour de mon identité fragmentée et des paradoxes que cela entraîne. Ma pratique sert de plateforme d'introspection, invitant à la contemplation sur la recherche perpétuelle d'appartenance et les défis d'exister entre deux. Le geste et la trace sont présents, on les perçoit, on les imagine, on les vit. Le textile me permet de réparer les liens coupés liés à la transmission familiale autour d’un héritage Amazigh perdu. Grâce aux rituels, j’entame une recherche de décolonisation de soi et des lieux que j’occupe me permettant de créer des espaces de protection et des espaces sacrés de recueillement. Mon travail fait référence à une mémoire matérielle et immatérielle, à la conservation de l’inerte grâce à la ritualisation et aux rites thérapeutique.

Image
©Sarah Jackson