Rencontre avec l'artiste Christian Bonnefoi

Rencontre avec Christian Bonnefoi | Samedi 18 novembre à 12h00 | Maison CFC Place des Martyrs, 14 1000 Bruxelles

Dirk Dehouck, Tristan Tremeau (enseignants à l'ArBA-EsA) et Lucien Massaert (ancien titulaire du cursus Dessin à l'ArBA-EsA) s’entretiendront avec Christian Bonnefoi à l’occasion de la parution du Traité de peinture, en deux tomes, aux éditions La Part de l'œil (2023).

Figure marquante de la peinture contemporaine en France, l’œuvre de Christian Bonnefoi s’est élaborée patiemment dans une reprise de la question du tableau et du pictural dont il s’est efforcé de repenser à nouveau frais les fondements. Comme l’écrit le philosophe Michel Guérin dans la préface au tome 1 du Traité de peinture : « Plus que le motif, le moteur de l’écriture de Christian Bonnefoi, c’est la construction d’un concept du tableau, dont la fin n’est pas de se substituer finalement au tableau réel mais d’en partager l’incertaine condition ».

Bonnefoi renoue ici avec la tradition des traités de la Renaissance et prolonge l’action de la peinture et son savoir muet, sa technè, dans le médium du langage. Le Traité convoque ainsi Bergson, Freud, Proust, Benjamin, voisinant avec les Pères (Tertullien, Augustin) ou le théologien Albert le Grand, mais aussi Léonard, Michel-Ange, Mondrian, Picasso, Matisse, et pour les artistes plus contemporains, Jean-Pierre Pincemin, Philippe Rivemale, Saverio Lucariello et d’autres encore.

Organisé en 3 grandes parties, le tome 1 du Traité passe des élaborations théoriques quant aux conditions d’une pensée du tableau dans l’espace pictural contemporain aux analyses particulières consacrées à des artistes dans la proximité desquels l’œuvre de Bonnefoi se développe. Le Traité procède ainsi du général en particulier et emboite les questions esthétiques abordées.

Lexique et Diagramme (tome 2) est composé quant à lui comme un roman lexical ouvert. Les rubriques classées par ordre alphabétique sont appelées à s’enrichir virtuellement dans des registres d’écriture variés. Ainsi en est-il par exemple des notions aussi décisives pour la peinture que celles de « détail », « condensation », « effacement », « mode d’exposition », « seuil », « verso » ou encore du « collage » parmi une centaine d’autres du Lexique. L’œuvre de Bonnefoi s’est également construite dans un Diagramme qui opère une mise en espace et en relation des œuvres et donne à voir une pensée stratifiée des opérations de peinture.

« Dans le Lexique, [les mots] s’agitent à la façon des puces dans les poils du chien et sautent de-ci de-là, parfois bonds immenses, parfois d’un poil à l’autre. Ils tissent alors des fraternités étranges que Lucrèce trouvait condamnables parce qu’elles produisent des monstres comme dans les images où une tête humaine vient à se souder à un corps de taureau. Varron plongea sa vie dans cette marmite grouillante et instable et, malgré le soin qu’il prit à rationaliser en introduisant des règlements exportés de la grammaire, rien n’y fit ; ceci sautait à cela. Le Lexique que je propose est donc de cette espèce : il fait cause commune au mouvement des images et peut, modeste, s’attarder sur un détail ou, vaniteux, aller au-devant des plus grandes monstruosités, tout comme Lucrèce qui, tout en disant « cela ne se peut », laisse aller son imagination à des combinaisons de corps ou de végétaux qui n’auraient pas déplu à Ovide. » (Christian Bonnefoi)

Le Traité de peinture s’inscrit dans le prolongement des Ecrits sur l’art (1974-1981) parus en 1997.

La rencontre est organisée en partenariat avec les éditions La Part de l’œil et la Maison CFC.

Image
Bonnefoi, Traité de Peinture. Lexique et Diagramme
Bonnefoi, Traité de Peinture. Lexique et Diagramme